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4 décembre 2011

64. Avant de mordre la poussière [Ep. 06]

avantdemordrelapoussière

 

En arrivant dans l'enceinte du vieil Hôpital Civil, l'air est devenu plus dense, mes poumons se gonflaient d'énergie, la lecture aléatoire du Ipod me sortait du bon son depuis que j'étais dans la rue, sortir m'avait fait du bien.

Le ciel s'activa à se mettre sur la même fréquence – écran bleu avec quelques pixels morts pétillant succinctement – et le soleil prit plus de place dans l'éther, bombardant la visière de ma casquette WESC de chaudes palles muettes.

J'ai absorbé toute l'énergie de cette charmante journée de septembre. Je me suis inspiré de la force des poutres, des croisés de colombages, des tuiles hétéroclites et noircies par le temps, j'ai tout gardé en moi et j'ai activé le pas en montant deux par deux les marches de l'escalier d'entrée du Nouvel Hôpital Civile.

Le N.H.C. a des allures de décors pour séries médicales. Ça me plaisait beaucoup de travailler ici, on avait exactement le même modèle de lits médicalisés que dans Docteur House, très cool. Et puis je l'aimais bien mon job de brancardier.

 

Comme j'allais être en retard si je m'arrêtais, j'ai mis ma capuche par dessus ma casquette et j'ai traversé comme un type pressé le long couloir principal, de longue lignes de vitres et des palmiers et autres arbres défilaient sur ma gauche. Je ne pouvais pas me permettre de taper la discussion et je commençais à connaître du monde là-dedans vu que mon boulot consistait à me balader avec des patients dans tous les services à longueur de journée.

Miraculeusement, je n'ai attiré l'attention de personne, et je me suis mis en blouse en quatrième dans les vestiaires du sous-sol. J'ai couru pour monter ce putain d'escalier sans fin qui m'amenait près du centre de régulation des transports de patients.

J'ai essayé paraître encore plus essoufflé que ce que j'étais en entrant dans le bureau. J'avais onze minutes de retard.

    • Salut tout le monde ! Désolé pour le retard. Comment ça va Richard ? (je lui tends une main qu'il me serre mollement et je vais embrasser les deux autres régulatrices assises derrière leur écran) Bon. Je suis avec qui ?

    • Baaah... c'était un peu ce que j'étais en train de me demander. T'as pris un congé aujourd'hui ? (Béa, une des régulatrice, noire)

    • Non. Du moins, pas à ce que je sache.

    • T'es sûr ? (Richard, le ton presque menaçant derrière sa tête de con de quinqua)

    • En fait... oui. (je me tourne vers lui, et lui fait une vraie gueule de minot) Oui, maintenant que tu me le demandes... je suis sûr, euh, (silence) de ne pas avoir pris de congés. (Béa soupire et s'étire pendant que Clarisse pivote de droite à gauche sur son fauteuil)

    • On fait quoi ? (Clarisse, un peu gênée)

    • Pourquoi ?

    • Y manque du monde aujourd'hui.

J'ai regardé l'organisation des équipes sur le tableau blanc. En effet, je n'étais inscrit nul-part et ça faisait un peu juste, surtout si c'était une de ces journées où tes les toubibs décidaient de faire faire les radios de tous leurs patients en même temps. Chris entra dans le bureau et on se tapa la main.

    • Ça va bien mec ? (Chris, trente-sept ans, breaker, tout sourire. Il tend des feuilles à Béa qui les lui prend)

    • Bien bien, merci. Bon, j'y vais ?

    • Vu que t'es venu, moi je dis, tu restes. (Richard ou l'art d'être agréable)

    • Ah non non non non non, tu vas pas me la faire celle-là. Attends, je suis pas inscrit sur le planning, je serai pas payer pour ma journée. Et j'ai dix-milles choses à faire.

    • On s'arrangera.

    • C'est ça.

    • On manque de personnel.

Plains-toi à la cadre je me suis dit.

    • Richard... t'es sûr que s'il travaille aujourd'hui il travaillera pas un autre jour ? (Chris)

On s'est tous mis à fixer Richard. Il a grommelé un truc, puis il m'a fait signe de foutre le camps. J'ai souri – et pas que pour moi.

    • Par contre, Sach', j'ai entendu que Niels avait une Coro un peu relou à faire là et il est tout seul. Tu pourrais pas juste lui filer un coup de main pour cette course, vu que t'es en tenu... (Chris)

    • Bien sûr que je peux filer un coup de main à Niels !

    • Classe mec.

    • Nan, toi, t'as la classe.

Je pouvais bien faire ça, en plus Niels était un super collègue, même un copain je dirais. J'ai pris un de ces téléphone/talkie-walkie qu'on utilisait pour communiquer entre nous et j'ai fait son numéro.

A suivre...


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