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ANTIBIOTOC

22 février 2016

Avant le déluge

ponctuation

 

J'ai vu mes amis dans la joie d'une nuit jaune
Courrir toutes dents dehors - abbatus, chiens perdus -
Cognés contre le décor. Apparut l'innatendu.
Le reflet de cette crevasse dans le phare d'une auto

Accapare toute la place - couleurs vives, couleur fauve.
Léo attrape la tise et Félix le goulot.
Je la récupère et rouspette : c'est mon tour pas le votre
Je tire sur la bouteille mais l'autre me fait un garot.

La jugulère cogne fort, le fanal éclabousse
A mes pieds victorieux ces semelles trouées,
Les épaules allourdies toutes rincés des secousses
De l'accolade - non conscrit -  d'un  éphémère bourré.

"Concentre-toi sur toi, tes soucis sont les bons.
Le bonheur tu le mérites, t'es juste triste parce que bon...
Soyons justes, soyons forts ; tes mâchoirs serrées
Tentent encore de têter ce souvenir fatigué,

Livide et lumineux. Sous mes doigts écorchés,
Je décroche le frisson d'une pulsion : tu dis non.
Par raison. Regarder ailleur pour oublier
Ma main dans ta gueule et et ton coude dans mon oeil...

Ôh... beurre, noir...
Le cauchemard...
Le souvenir...
Lui s'étire...

Je gueule des phrases sans sens, c'est Dieu qui parle pour moi.
Je saigne de la hanche, de la tête et du foie.
J'ai repris conscience. C'est pas beau ce que je vois.
J'aimerai être contenu, suffoquer dans ses bras.

Sale relant obscure - le traitre s'appelle espoir.
Je lui souhaite d'être nue, seule et sous ses draps.

 

 

 

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14 novembre 2015

Les temps carrés

lestempscarrés

24 octobre 2015

Knock Out [Ep. 06]

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            Trois semaines plus tard on y était. Y avait Max, Jérémy, Raspoutine et moi dans une caisse qui traversait la France. C’était Ras’ qui conduisait. Ils avaient décidé de faire le trajet de nuit. Ras’ me jetait des coups d’oeil depuis le rétro intérieur. « Qu’est-ce t’as à faire la gueule l’artiste ? C’est encore à cause de cette histoire de congé sans solde ?

  • Ras’...
  • Arthur. C’est qu’un putain de Mac Donald’s. Gagne ta rencontre et c’est avec un demi mois de salaire que tu rentre à la maison.
  • Qui sait danseur, renchérit Max, t’es p’t’être un futur champion ?
  • Oh vos gueules... ! »

            Mulhouse ressemblait à toutes ces villes ouvrières. Il était un peu plus de sept heures. Le mec à la réception de l'hôtel était aussi bronzé qu’un néon. Une fois les clés de nos chambres récupérées nous décidions de nous y installer avant de petit-déjeuner puis de taper une sieste. Attendant les autres devant le réfectoire - j’avais, pour toute installation, balancé mon sac sur le lit le plus proche de la fenêtre de la chambre que je partageais avec Poupoune - j’envoyais un SMS à Mia pour lui dire qu’on était bien arrivé et qu’il faisait moche. A la fin du message, j’hésitai à y ajouter un coeur ou pas. Tout cela me dépassait. D’autant plus qu’elle n’en avait rien à carrer des petits coeurs, ni des SMS. Max et Jérémy sortirent de l’ascenseur en même temps qu’une grande métisse qui leur faussa compagnie du haut de ses talons en toc qui faisaient klikeuklikeuklik. « Où est Poupoune ? demandai-je.

  • Au téléphone. Il a dit qu’il nous rejoignait, répondit Max.
  • Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ? s’écria Jérémy en brandissant une rondelle de baguette sans couleur. Pas de fruits ? Pas de charcuterie ? On est en Alsace oui ou merde ? Mademoiselle ! C’est vous qui vous occupez de la salle ?
  • Euh... oui monsieur.
  • Appelez-moi votre responsable !
  • C’est qu’à cette heure, il n’y a que moi.
  • Vous rigolez ?
  • Qu’est-ce qui se passe ? demanda Raspoutine qui venait d’arriver dans la cantine.
  • Y a qu’on paie un putain de forfait petit-dej pour ça, dit Jérémy en pointant le buffet du doigt. Je paierai pas un centime pour cette...
  • Merde. Oui. Je vois, tempéra Ras’.
  • Le danseur, tu viens avec moi, on va faire des courses. »

            J’attendais devant la boucherie Jérémy qui nous commandait un assortiment de tranches de saucisses fines comme du papier à cigarette. Un groupe de lycéens arriva à ma hauteur. Je les interpelai et leur grattai une clope. J’avais pas tiré trois lattes qu’une claque derrière la tête me la fit s’échapper du bec. Je n’eus pas le temps de pousser un juron que le talon du coach l’éventrait sur le bitume. « Sale con  ! pestai-je.

  • Porte ça, répondit-il, me fichant le sachet de barbaque dans les pattes. »

            Je sortis de la douche, regrettant d’avoir autant mangé. J’étais ko, pas rasé, fatigué. C’était ce que me renvoyait le miroir comme infos. Je voyais ce visage, ce visage que j’avais su protéger. J’évitais de me regarder dans les yeux. J’y savais le froid, la haine, la noirceur d’une braise sèche. Et puis cette sensation. J’éteignis la lumière de la salle de bain et m’allongeai sur le lit près de la fenêtre.

 

A suivre...

24 septembre 2015

Knock Out [Ep. 05]

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*

* *

            Dix huit mois plus tôt.

 

            Mia voulait un câlin. Des voitures en doublaient une stationnée en double-file sur la chaussée. Clignotants allumés. Loin de l’accident. J’avais demandé ça sans faire gaffe. Elle avait les traits tirés et les fesses sur l’une des chaises du balcon. J’avais perdu le compte des bagnoles et elle son regard dans les trous de la table en fer forgé. Il pleuvait sous le soleil. Approche, je lui dis. Elle poussa sa tête hors de la capuche d’un de mes pulls et moi les mèches fauves qui zébrait son front. Elle me prit la main, caressante, s’attardant sur mes jointures sèches. Je l’assis sur mes genoux et l’embrassai. Ses lèvres avaient atteintes le haut du classement des mes addictions. Durant les moments de malheur elles se gorgeaient d’un frisson qui me foutait le vertige. C’était bon à s’en vouloir. Ses parents venaient de décéder. La meilleure galoche de mon existence. Je glissai une paluche sous son t-shirt pour lui retirer un soutif qu’elle ne portait pas en la portant jusqu’au lit. Mia était du genre à aimer se laisser prendre en main, à me bousculer pour qu’elle tangue, du bout de la langue, je glissai le long de sa nuque, sentant sa peau s’hérisser, son souffle frémir, ses jambes et ses bras se lovant autour de mon torse. Aux premières sueurs nous nous percutâmes dans un sourire renversé qui disait vrai.

            Je sortis d’une bulle cotonneuse - étonné d’y être tombé, regrettant d’en être sorti - je n’ouvrais pas totalement les yeux. Collé l’un à l’autre, couvert d’une fine et moite pellicule, nous respirions synchronisé. Je ne voulais bouger. J’avais peur de briser quelque chose. Ca prit une telle ampleur que je me dégageai furtivement des draps pour m’assoir au bout du matelas. Je regardais mes grosses menottes, mes bleus aux jambes, mes bleus bras, mes bleus ailleurs. Par dessus mon épaule je considérai l’immobilité parfaite de son corps. De l’autre côté de la baie-vitrée, ça tombait moins dru. Je mis un bas de jogging sur mon cul nu et enfilai un hoodie. Dans l'ascenseur je rabattis ma capuche et me mis à sautiller, calant ma respiration sur mes points d’appui. Je courus à bon rythme jusqu’à la salle.

            Max me faisait travailler mes esquives quand Jérémy nous fit signe de nous arrêter. « Comment tu te sens ? me demande-t-il.

  • Super.
  • Et ton poids ?
  • Au poil.
  • J’ai eu m’sieur Raspoutine au téléphone. Il t’a dégoté une nouvelle rencontre, dans trois semaines, à Mulhouse.
  • Ok.
  • Je me suis renseigné sur ton gars. Ce mec avait déjà des jabs de batard, mais là, il vient de descendre d’une catégorie de poids. Ce qu’il veut dire que ce connard va encore bouger plus vite. Alors tu vas me bosser ta souplesse et tes esquives de danseur ! Je veux pas que ce con te touche. T’entends ? Qu’il se kane à essayer de te toucher.
  • Ok coach.
  • Qu’est-ce que vous attendez pour vous y remettre ? »

Il nous gratifia chacun d’une beigne et nous nous remirent à l’entrainement, pliant plus bas dans les genoux.

            Je pensais la trouver encore endormie en rentrant mais sa tête passa l’encadrement de la porte du couloir alors que j’ouvrais celle de l’entrée. « Coucou» me sourit-elle. J’allais l’embrasser mais elle me repoussa gentiment avec une moue complice. « Tu pues un peu doudou.

  • Tu m’étonnes.
  • Qu’est-ce que t’as à l’oeil ?
  • Une marque de rigueur.
  • Qu’est-ce qu’il peut être con ! Nan mais sérieux, il sait pas coacher autrement qu’en... »

Mais je n’entendis pas la suite car j’ouvrai l’eau sous la douche.

A suivre...

 

15 septembre 2015

Knock Out [Ep. 04]

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            Ca lui était arrivé de douter de l'artiste. Raspoutine le regarda s’allumer sa sèche qui brûlait des deux bouts. Il sortit de sa veste son mobile pour ne rien faire avec. Faisant glisser son doigt sur la dalle lisse, il relu un vieux SMS.

            Lise accroupit dans le sable cherchait des coquillages. Elle planait entre deux strates, là où l’innocence naïve s’étendait sans fin, là où la lumière était bleue et blanche et très douce. Et assis sur un plot de béton, agrippé à son plus vieux copain, il se dit qu’il avait une sacrée chouette fiancée.

            Après l’avoir couchée, bordée, bercée des mots du soir, ils fermèrent derrière eux la porte de la villa sans la faire claquer. « Tu sais, pour l’histoire des fiançailles, bah... 

 

  • Ca va. C’est passé, le coupa Arthur.
  • Ouais.
  • C’est fait.
  • Ouais. (Un silence) Tu sais, c’est pas comme si je savais ce que ça allait donner. Je sais où moi je veux aller. Et elle... elle...
  • Faut ce qu’il faut. Savoir qu’on sait rien au final.
  • Ouais. L'est pas la seule.» 

Cette phrase n’était destinée à personne mais tordit les tripes d’Arthur.

  • T’as des nouvelles de Mia ?
  • Peu. Très peu.
  • Elle va bien ?
  • Elle se tue à l’accepter. Tu t’attendais à quoi ? souffla Ras’.
  • Elle est marquée ?
  • Sur le visage ? Nan. Pas à ce que je sache. »

 

            L’air gorgée de mer se collait à leur peau, s’avalait à grande goulée. Cet oxygène concentré, presque liquide, s’infiltrait à toute vitesse, percutait les alvéoles et s’expirait fort. Arthur se redressa et se mit à sautiller avant de percer l’air de ses poings. Demain en prendrait plein la gueule.

            Au matin, quand elle rendit la monnaie, la boulangère se trompa et le couple d’allemands au guichet lui fit poliment la remarque dans un anglais sans accent. Raspoutine répéta plusieurs fois la phrase étrangère dans sa tête en avançant d’un demi pas. Il rêvait de parler anglais. « Une baguette complète, trois croissants, trois pains au chocolat et un suisse s’il vous plait.

  • Y a plus de baguette complète.

Ses cernes hurlaient au secours je me suis levée à trois heures.

  • Mettez m’en une classique alors.
  • Longue, farinée ?
  • Longue, pas farinée.
  • On vous la découpe monsieur ?
  • Non merci.»

            Quand j’apparus dans l’encadrement de la porte, Lise me demanda si j’avais bien dormi, Ras’ découpait une longue tartine dans une baguette fraîche. Il me tendit la tranche mais ne me la beurra pas. Il avait le beurre en horreur. Mon coeur battait la chamade et me remontait dans la bouche. Je le ravalai en silence. Il n’est jamais bon de parler d’un coeur qui bat.

 

            Alors que je n’arrivais à me décider entre deux types de confitures, Lise dit « y a pas un truc qui vibre ? » Je me levais récupérer mon portable sur la table de nuit, mais non, c’était pas le mien qui avait vrombit. Dans le salon j’entendis Raspoutine gueuler « c’est Christophe qui nous a partagé ses photos d’Inde, vous voulez voir ? »

A suivre...

 

 

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6 septembre 2015

Knock Out [Ep. 03]

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            En haut de la dune je gueulais à Ras’ de me lancer les clés. Lise et moi l’avions devancé dans la montée. Il portait seul tout le barda, il insistait pour. C’était une façon comme une autre de se fatiguer. J’attendais une réponse mais Lise me toucha l’épaule et me les tendis.

            Assis à la place conducteur, je le voyais approcher du coffre, dans le rétroviseur. Il claqua la porte en s’installant à ma droite, me jaugea, satisfait, et se tourna vers Lise qui vidait ses chaussures sur les tapis. « Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? chante-t-il presque.

  • Une glace ! »

            Leur voiture était moche mais se conduisait d’une seule main. Ras' m’en fit le reproche. Fallait rester focus. Je ralentis la familiale derrière une autre familiale hollandaise et arrêtai de regarder dans les rétros - des schmits y apparaissaient de nulle-part comme de vilains arlequins. Mes mains se contractaient toutes seules. Ras’ leva le nez de son portable et dit qu’on y était, qu’on pouvait se garer. J’arrêtai la tire devant un immeuble blanc. Nous entrâmes dans un Indien ne payant pas de mine, mais une fois dedans, ça sentait bon comme ailleurs. Un très jeune serveur nos proposa une table. Nous asseyant, je dis que les lumières me rappelaient Londres. Raspoutine fronça les sourcils. « T’es plus à Londres, Arthur. Pas avant plusieurs mois. Alors vide ton crâne, commande des huîtres et passons à la suite. » Quel qu’était le restaurant on l’on sortait dans la région, on y trouvait ces crustacées. « Un verre de vin pour accompagner les huîtres ? demanda le très jeune serveur.

  • Volontiers ! répondis-je avant Ras’. Mettez-nous une bouteille qui va avec, je vous fais confiance.
  • Tu sais ce que tu vas prendre ?
  • Un plateau d’un peu de tout.
  • Humm... attends voir... la vache ! Il coûte un bras leur plateau. Tu comptes payer ça ?
  • Tu sais bien que c’est toi qui payera.
  • Ah... tournant une page du menu, dans ce cas ça va.
  • Vous pensez que je devrais prendre aux épinards ou au fromage ? demande Lise.
  • Avec les épinards on sent mieux le goût de la viande, je dis.
  • Mademoiselle votre choix ? questionne le très jeune serveur.
  • Aux fromages s’il vous plait. »

            Le poisson qu’avait commandé Ras’ était grillé à point. Il en décollait méticuleusement la peau, écartant la chair de ses arrêtes, la sauce curry s’en gorgeait à mesure qu’avançait sa méthodique mise en morceaux. Le très jeune serveur passa à ma hauteur et sans un geste de ma part refit le plein de mon verre. Parfois le monde est positivement mal foutu. Mon portable vibra. Je déverrouillai l’écran qui ne m’apprit rien. Alors je le rangeai dans ma poche et me rinçai la gorge. « Ce fut excellent, merci, dis-je à Raspoutine.

  • Pas de dessert ? Rien ?
  • Dites les gars ? On va la prendre hein cette mega glace ? nous relance Lise. »

            Elle souriait, léchant ses boules, remettant une longue boucle de cheveux derrière son oreille. Je l’aimais pas trop ce sourire. Il me rappelait un temps où la vie s’essayait à s’affermir. Un temps où la confiance me paralysait, me berçait tout entier d’une mélopée d’avant-garde. 

            La grève n’était plus qu’un col sur le veston des éléments. Les vagues roulaient furieuses de n'être pas plus déchainées. Et c'était bon d'entendre par dessus cet innarrêtable raclement les zigouigouis de notre bavardage.

            Venant à notre rencontre, en face, une ombre grossissait. Tassée, carrée, rugueuse - mes mains cherchaient dans mon sweat une des cigarettes que j’avais taxées à Lise. Le tabac sec crissa au contact de la flamme jaune et bleue. S'approchant et à la lumière d'un lampadaire, l’ombre apparut claire et couverte de cratères. Voyant ça, nous nous poussâmes dans le caniveau, Ras' et moi. Au dessus, la lune s'emmitouflait dans une grasse et humide écharpe grise. Livide. Les yeux de l’albinos brûlait d’un rouge vif. Chacun de ses pas chargeaient d’électricité l’invisible bruine que l’on respirait. Il était noir. Blanc mais noir. J'ai cru échanger un regard avec lui mais il me dépassa, de cette allure gênée, sans un sursaut, sans même nous voir. Et tandis qu’il suivait l'axe sombre de la promenade, respirant de nos poumons grands ouverts, dans un début de frénésie, Lise le dépassa, à cloche pied, sautant d’une dalle à l’autre.

A suivre...

 

30 août 2015

Knock Out [Ep. 02]

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            Le gravier devant le garage de la location crissa et le son distinct du frein à main automatique s’enclenchant pinça comme une tante la joue du silence du lotissement. Je m’extirpai du canapé en sautillant, soufflant, battant l’air de mes poings. Raspoutine entrait dans la cuisine en couloir qui donnait sur la terrasse, une caisse de nourriture entre chaque bras. J’ai vu des poireaux y dépasser d’en dessous. Me voyant sautiller devant le buffet il me lança « vient faire un câlin à ta Poupoune » en tendant les bras. Et après n’avoir pu retenir un sourire je m’élançai lui briser les côtes. 

            Tu devrais faire gaffe, il me dit alors que je resservais l’assemblée d’une seconde tournée de mousseux. « Tu sais que c’est pas bon pour toi. » Je ne répondis pas et finis de nous servir en en mettant un peu moins dans mon verre. Nous trinquâmes, brisant d’un éclat cristallin le perpétuel crissement des cigales.

            Lise avait fini de débarrasser la table, on l’entendait depuis la terrasse commencer à remplir le lave-vaisselle. La nuit nous était tombée dessus à sa manière. « T’as bien tenu l’artiste, me dit Poupoune dans l’obscurité, très bien même.

- Merci ‘Poune.
- Tiens.
- Merci ‘Poune. » 

            Il ne sourit qu’à moitié car il savait bien quel diable il nourrissait, mais c’était bon, et je n’ai ouvert les yeux qu’un long moment après avoir avalé ce shot de vodka. Ils allèrent se coucher, ensemble, après m’avoir bordé de douces paroles et de promesses de rêves raffinés. Je tenais fixe mon attention sur une galaxie far far away. La lumière de leur chambre s’évanouit. Je glissai jusqu’au frigo que j’ouvris fort comme un murmure. Je pris une tomate, le reste de mousseux et retournai dehors. Mollement le mousseux emplit le verre et longtemps j’en observai le fond comme un pal océan de nébuleuses. Dans l’entrée trainait un petit sac de voyage à Lise. Dans la poche à fermeture éclaire du dessus, tout au fond, était caché un vieux paquet de Camel à rouler sous plusieurs paquets de Kleenex neufs. Dans la blatte usée, le tabac séchait piano et des feuilles se pelotonnaient dans un coin. Je me léchai une longue sèche bien tassée, attrapai la fishboard et fit rugir les roulements à billes. A quelques villas de là un groupe jouait aux boules. Je les dépassai, bruyant, pliée dans la vague de la mécanique bien huilée.

            L’onde vibrait, très nette au bout, je me cramponnais fort, effleurant l’écume brune, grise, pétillante. Je plissai les yeux, battis nerveusement des pieds et collai mon menton à la planche. Tonnerre aquatique. Souffler du zen’. Se débattre des cannes. Souffler deux fois son volume d’air. Inspirer. Glisser. Vite. Peser le poids du jour. Raspoutine agitait les bras, plus loin sur la plage. Je lui fis un petit signe de la tête en sortant de l’eau. Le courant était contre nous et j’économisais mes forces pour taper d’autres rouleaux comme celui-là. « Joli ride, même si t’as dégusté sur la fin. On s’en fait une ensemble ? Raspoutine tendait le bras vers la glacière.

- Comment va Lise ? je dis en lui lançant un bouteille de pamplemousses pressées. » 

            Nous l’observâmes jouer avec les vagues et c’était comme regarder un enfant faire tomber les boites vides d'une de ces fêtes foraines à la con. « Elle sera pas médecin. Enfin, pas cette année. Elle va continuer à vendre des vélos le temps de savoir si elle est prise ailleurs, je suppose. » Il attrapa un galet qu’il lança dans sa direction. « Je crois qu’elle s’y fait.

- Ouais. Une femme qui dit... enfin bref, tu comprends.
- Ouais. »

            Son bras passa au dessus de mon épaule. Je saisis son poignet. Il me tira vers le haut. J’avais des fourmis dans les doigts. De sous une serviette de bain sec mon portable clignotait. « Il est quelle heure ? je demandai.

- Bientôt onze heure trente.
- On s’en fait une dernière grosse ? »

            Ras’ posa sa main en visière, son regard perçant les flots résolvait les mystères qui sommeillaient sous l’azur étendue synchronisée. « Tu vois cette ligne blanche qui coupe toutes les autres ?

- Ouais.
- On va là. »

A suivre... 

 

23 août 2015

Knock Out [Ep. 01]

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            J'entendais pas le bruit du moteur. Y avait l'océan à droite, le ciel bleu au dessus et la musique pour prendre les virages. Je trainais sur l'asphalte un sentiment parent à la genèse et je le sentais s'émietter à mesure que les bornes défilaient. Ca faisait près de deux semaines qu'elle s'était tirée sur une île et son absence me perçait un peu plus chaque jour d'une fade douleur qui me révulsait. Deux semaines sans nicotine, alcool, caféine, thc et benzodiazepine. La sobriété c'était pas pour les gens bien. Je le vivais pas pour le mieux.

            Devant ça n'avançait pas. Le soleil avait fait sortir d'écarlates gendarmes de leurs trous et foutaient la trouille aux vacanciers. Je rétrogradai, soupirai et augmentai le volume dans la Toyota. Il y avait du monde à Plage Sud. Au sommet d'une dune, je le confondais aux grains de sable. Si on se retournait, une steppe faussement sauvage caracolait sur un demi mille avant de se dissoudre entre les troncs d'une mer de pins. Allongé entre deux chardons la dune taisait le brouhaha de la foule. Seuls les remous de l'océan gargouillaient et un bourdon se posant à côté bourdonnait. Je ressentais cette sensation. Combattre ou abandonner. C'était constant. Il faisait un beau temps à vous saper le moral. Je fermai les yeux pour me livrer aux caresses des éléments.

            Lise et Raspoutine conduisait une Peugeot familiale. Ils s’étaient levé en même temps que le jour. C’était leur truc. Surtout à lui. Elle se réveilla dans un grognement qui s'arrêta quand il finit de charger la voiture. Il s’approcha d’elle, frais et souriant, du café de thermos fumant d’un gobelet d’alpinisme en alu. Il le lui tendit.

            Comme ils dépassaient Clermont-Ferrand, ils cherchèrent sur la carte routière une air de repos tranquille pour déjeuner. Et comme ils n’étaient pas d’accord quand au lieu, il la laissa choisir. Lise en gazouillait. L’endroit se trouvait désert. On pouvait croire que personne ne s’arrêtait jamais ici. Raspoutine s’étira, offrant son sourire et ses yeux plissés au soleil. Lise appelait. Le drap était posé sur l’herbe et les victuailles sorties. « Tu penses qu’on devrait l’appeler pour lui dire où on est ? demanda-t-elle.

- Pas la peine. Le téléphone est dans la caisse de toute façon.
- J’ai le mien avec moi.
- Tu risques de le réveiller, c’te mollusque. »

            Je sentis ma jambe vibrer et glissai la main dans la poche de mon short. Le smartphone affichait midi passé, grand bleu sans nuages avec de fortes chaleurs, mais ni SMS ni appel manqué. Les spasmes inexpliqués de mon corps ne m’étonnant plus des masses ces dernières semaines, je m’assis et composai son numéro. « Ouuuaaaiiis... ?!

- Salut Poupoune, z’êtes bien partis ?
- Oui, oui de bonne heure. On vient de quitter une air de repos après Clermont.
- Super. C’était joli ?
- Si on excepte les quinze dernières minutes. C’a été un défilé de semi-remorques. On s’est tellement fait enfumer qu’on a fini le thé dans la voiture. Et toi ?
- J’essaie d’choper un cancer de la peau.
- Parfait ! Tout va bien donc ?
- Tout va bien. »

            Je rentrai sans encombre, à peine saouler d’air marin. Dans le frigo, entre deux salades, j'y glissai une bouteille de mousseux. J’étais pas au top du top mais on pouvait commencer à s’acheter quelques bonnes bouteilles. J’avais perdu aucune des six dernières rencontres. C’était bien de se le rappeler. Je me suis caressé les arrêtes du nez, encore dures et droites. Un mystère.

 

A suivre...

 



27 août 2014

Réunion

Il y a une grosse limace
Qui sur mes épaules ronronne
Bavant beaucoup, je grimace
M'enlisant dans l'ennui morne

Qui là contre mon cou gonfle
Se dandine, se love et enfle
Se gavant de ces paroles
Si vigoureusement molles

Stagnant entre les vapeurs
De cigarettes et d'alcools
Je n'en bois pas - idée folle -
Ma limace attise une peur

Gluante, sale, triste et tenace
Autour de la table ils portent
De beaux habits - très très classe -
Y a des taches sur mes godasses propres

 

15 mai 2013

Whitin

Qu'importe la vibe. Qu'apporte la rime, le complexe et la haine.

Applatie,dans l'obscurité blanche de la journée naissante, je regardais les pailles rebondirent. De bonne guerre.

 

Edelmeister... for ever

Avant que ne vombre un B-52.

 

Les souvenirs ne disant rien, je les exorcisais.

 

Etre coqueluche, sans gouverner.

Je toussais leurs hymens.

 

 

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