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ANTIBIOTOC
31 octobre 2011

60. Avant de mordre la poussière [Ep. 02]

avant de mordre la poussière

    Certains traits restaient de réels mystères.

    Je m'étais roulé un joint, et ce dernier laissait fuir de fins filets acres bleus s'accrochant à mes lèvres, et mes mains cherchaient une gomme que je savais là mais que je ne trouvais pas. En même temps, j'imprimais cette fresque de Dater au plus profond de mes rétines à chaque coup d'œil au bout de la table où la double-page était juchée, derrière mon bordel – crayons, feutres, black-book – et, j'en étais certain, une putain de gomme !

    J'ai encore pris un cachet d'Ibuprofène codéiné et, l'avalant à sec avec la difficulté d'une gueule pâteuse, j'ai gémi et tiré vers le plafond. J'avais une envie d'absinthe du tonnerre. J'ai regardé mon croquis, agar, un trou à la place du cerveau, la mine blasée, en même temps, je me suis rappelé que j'avais plus de carte de sécu et qu'il fallait que j'évite de faire le con. J'ai oublié l'idée absinthe. J'avais qu'une trouille, en fait, c'est qu'Emmy se réveille. Pour tout dire, du reste, je m'en foutais. Je commençais à être raide. Très détendu. Je ne pensais pas au plus de 500 € que la S.N.C.F. me réclamait pour un des T.E.R. que j'avais graffé. De toute façon, j'avais pas de quoi payer, j'avais gardé certains papiers, d'autres je me souviens clairement les avoir brûlés, ça m'a fait sourire. Je gagnais pas 1200 € par mois, et je les cramais bien assez vite. La drogue et la peinture : un sacré budget.

    J'ai ouvert une fenêtre de la cuisine. Les carreaux étaient sales. La rue grouillait – à ne rien y comprendre. Ils portaient tous le même Tee-Shirt. Ils buvaient de la bière, les rares filles étaient vulgaires, et très très rare, donc d'autant plus prisées. N'empêche que c'était moi, de là haut, au quatrième, qu'avait la meilleur vue-plongeante dans les décolletés. J'ai craché dans la nuit. Le mollard a fait un bruit sec dans le caniveau, avant de briller puis s'éteindre puis briller, suivant la friponnerie des réverbères.

    Je me suis demandé comment j'allais pouvoir exploiter ces formes. Comment la géométrie pouvait fusionner à l'inconscient de la beauté – ce qui ne brille qu'une fois s'éteint. C'était plus du brouhaha qu'autre chose, dans ma tête, mais sonnée les cloches, je tintai comme une cathédrale. Je suis retourné à mon face à face, le croquis avait l'avantage jusqu'à présent, mais je suis une vraie tête de con et quand je mords un croquis par un bout, je le lâche plus, et celui-là, je l'avais jusqu'au fond de la gueule. Un autre bonbon codéiné pour tenir la distance, j'ai toussé en plissant les yeux, et, j'ai vu ma gomme qui se planquait, couchée sous un autre croquis – feuille volante coloriée de rouge et de bleu – qui se ratatinait sur elle-même plus je la fixai.

 

    Mes gestes étaient inexplicables. Impulsifs.

    Ce que je créai aussi.

    J'étais furieux, je transpirais, tremblais comme un type qui bandait à l'idée de fendre le crâne d'un misérable avec l'angle d'une brique.

    J'ai lâché mon critérium, j'ai posé à plat mes mains sur la table en faisant le dos rond et baissé la tête. J'ai soufflé. J'ai fermé les yeux. Je les ai ouvert, je voyais encore trouble. Les éclaboussures de peinture sur mon baggy faisait comme de petits confettis mats qu'on aurait tamponnés dessus avec la pointe d'un coton-tige. Je me suis gazé avec la fin du troisième pétards – le cendrier de fortune que je m'étais fait avec un paquet de Camel éventré n'arrêtait pas de me dire « huit !! » mais je ne l'écoutai pas, du tout du tout.

    Avec le poignet je me suis essuyé le dessus des pommettes, j'ai écrasé le cul de bédo sur le tas de cadavres, j'ai regardé par la vitre, la lune me faisait un clin d'œil et tant mieux.     J'ai décollé le casque des mes oreilles et la pression est redevenue tolérable à mes tympans. Je me suis massé les tempes bien que je ne ressente aucune douleur, rien d'autre qu'une décompression agréable et le calme du duplex endormi. J'ai regardé en haut des escaliers en colimaçon. Emmy pionçait très bien sans moi.

    J'ai pris la dernière cigarette de mon paquet pour la fumer, quand j'ai entendu des clés cliqueter derrière la porte d'entrée.

 

A suivre...

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Commentaires
T
De belle image et un texte de plus en plus agréable à lire,<br /> <br /> Belle persévérance.
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