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23 août 2015

Knock Out [Ep. 01]

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            J'entendais pas le bruit du moteur. Y avait l'océan à droite, le ciel bleu au dessus et la musique pour prendre les virages. Je trainais sur l'asphalte un sentiment parent à la genèse et je le sentais s'émietter à mesure que les bornes défilaient. Ca faisait près de deux semaines qu'elle s'était tirée sur une île et son absence me perçait un peu plus chaque jour d'une fade douleur qui me révulsait. Deux semaines sans nicotine, alcool, caféine, thc et benzodiazepine. La sobriété c'était pas pour les gens bien. Je le vivais pas pour le mieux.

            Devant ça n'avançait pas. Le soleil avait fait sortir d'écarlates gendarmes de leurs trous et foutaient la trouille aux vacanciers. Je rétrogradai, soupirai et augmentai le volume dans la Toyota. Il y avait du monde à Plage Sud. Au sommet d'une dune, je le confondais aux grains de sable. Si on se retournait, une steppe faussement sauvage caracolait sur un demi mille avant de se dissoudre entre les troncs d'une mer de pins. Allongé entre deux chardons la dune taisait le brouhaha de la foule. Seuls les remous de l'océan gargouillaient et un bourdon se posant à côté bourdonnait. Je ressentais cette sensation. Combattre ou abandonner. C'était constant. Il faisait un beau temps à vous saper le moral. Je fermai les yeux pour me livrer aux caresses des éléments.

            Lise et Raspoutine conduisait une Peugeot familiale. Ils s’étaient levé en même temps que le jour. C’était leur truc. Surtout à lui. Elle se réveilla dans un grognement qui s'arrêta quand il finit de charger la voiture. Il s’approcha d’elle, frais et souriant, du café de thermos fumant d’un gobelet d’alpinisme en alu. Il le lui tendit.

            Comme ils dépassaient Clermont-Ferrand, ils cherchèrent sur la carte routière une air de repos tranquille pour déjeuner. Et comme ils n’étaient pas d’accord quand au lieu, il la laissa choisir. Lise en gazouillait. L’endroit se trouvait désert. On pouvait croire que personne ne s’arrêtait jamais ici. Raspoutine s’étira, offrant son sourire et ses yeux plissés au soleil. Lise appelait. Le drap était posé sur l’herbe et les victuailles sorties. « Tu penses qu’on devrait l’appeler pour lui dire où on est ? demanda-t-elle.

- Pas la peine. Le téléphone est dans la caisse de toute façon.
- J’ai le mien avec moi.
- Tu risques de le réveiller, c’te mollusque. »

            Je sentis ma jambe vibrer et glissai la main dans la poche de mon short. Le smartphone affichait midi passé, grand bleu sans nuages avec de fortes chaleurs, mais ni SMS ni appel manqué. Les spasmes inexpliqués de mon corps ne m’étonnant plus des masses ces dernières semaines, je m’assis et composai son numéro. « Ouuuaaaiiis... ?!

- Salut Poupoune, z’êtes bien partis ?
- Oui, oui de bonne heure. On vient de quitter une air de repos après Clermont.
- Super. C’était joli ?
- Si on excepte les quinze dernières minutes. C’a été un défilé de semi-remorques. On s’est tellement fait enfumer qu’on a fini le thé dans la voiture. Et toi ?
- J’essaie d’choper un cancer de la peau.
- Parfait ! Tout va bien donc ?
- Tout va bien. »

            Je rentrai sans encombre, à peine saouler d’air marin. Dans le frigo, entre deux salades, j'y glissai une bouteille de mousseux. J’étais pas au top du top mais on pouvait commencer à s’acheter quelques bonnes bouteilles. J’avais perdu aucune des six dernières rencontres. C’était bien de se le rappeler. Je me suis caressé les arrêtes du nez, encore dures et droites. Un mystère.

 

A suivre...

 



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Commentaires
W
J'aime ! Chouette style.
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