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22 janvier 2012

74. Parallèles [Part. II]

Parallèles

 Il couvre la flamme de sa main parce qu'il y a du vent. Je tire sur le toncar. Le bout rougit. Le bruit du zippo que je fais claquer. De la fumée par le nez. Le goût de la résine. Merci.

« Elle a pas réussi à te faire arrêter, au fond.

De ?

De fumer.

Ah. Non. »

 

*
**

 

La rage. Les yeux clos. Les doigts sont serrés à la rambarde du balcon j'ai soupiré, exphulsé un peu de THC. Pas paniquer. Pas paniquer. Non. Un temps. Un révebère, une ceinture céleste de lepidoptères, dans la lumière. Pas paniquer. Non. Non, non. Autant de latte tirées sur mon joint. « … tu fumes tout le temps... t'es défoncé. Non, j'suis pas défoncé. Pourquoi – grimace – tu me mens ? Je te... Regardes tes yeux. Regarde tes yeux... ! regarde tes yeux... non, ne me touche pas ! » je marmonais en boucle. Je faisais pas gaffe, la musique était trop bien. Je paniquais pas.

Dans l'appart, dans le salon, un de ses blousons, sur le gros et vieux fauteuil, par dessus mes bouquins de droit immobilier.

J'ai regardé l'heure sur mon portable et je me suis dit qu'il était tard. Que j'aurai plus de nouvelles aujourd'hui. Ni demain non plus. Et après-demain, y avait de forte chance que ce soit la même.

Y avait des pots avec des plantes qu'elle avait planté avec ma soeur, dans la colloc, sur la balcon, j'en ai pris une. Qui finit en bas. Ça a fait un bordel sonore énorme. J'ai explosé en même temps. Et j'ai pas versé une larme. Mais je me suis tout de même mordu la joue.

 

 

*
**

 

Le téléphone vibre d'un coup dans ma poche. J'ai alors le comportement typique d'un mec qui est assis dans un champs avec un bout de main arraché par du barbelés. Je dis merde plein de fois.

On me laisse gesticuler. « Tu vas décrocher ?

Ha-ha. »

 

*
**

 

Un soir elle disparut, jamais plus personne ne l'a revue. Je ne pus la rechercher. Jamais.

 

*
**

 

« Allô ?

Allô chéri ? »

C'est ma femme.

« Hey ! Comment vas-tu ?

Heu... ça va. Et toi ?

Ça va. (convainquant)

Tu gères ?

Je gère. »

Au loin, je vois les problèmes ralentir avant le virage, faisant crisser les pneus sur les cailloux du petit chemin gris, taché de lumières, aux ombres mauve. On sourit quand-même, un peu malgré nous. Je la rassure.

« Non ça va. Je t'assure. Je rentre bientôt. Hmm-hmm c'est ça. Ce soir je prends la route – il regarde ma main – et, euh... et Lou ? Elle va bien ?

Oh, euh, (silence) oui. Lou ?! Ton père est au téléphone, tu veux lui parler ?

Chérie. (silence – du moins pas de réponse). Chérie... je ne sais pas si...

Allô ?
Oui. Je disais...

Tiens ! Ta fille veut te parler. Pour une fois qu'elle est là (plus bas). Je t'embrasse fort ; elle me repasse le téléphone quand vous avez fini.

Ok.

Je... euh.

Allô ?

Salut Dad' !

Salut ma douceur... ! »


Doucement il se relève, ramassant son veston, qu'il époussette. J'ai le vent dans le mauvais sens et il pleut sur moi une poussière brune et je remarque les traces de mon sang sur le bout d'une manche de sa chemise. Celle qui caresse, sévère, le tissu du veston.


A suivre...

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Commentaires
A
C'est gore quand même tout ça!
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