68. Avant de mordre la poussière [Ep. 10]

Chez Antoine. Huitième étage, sans ascenseur, cent quatre-vingt-quatre marches. Je me suis dit qu'il était planqué. Les flics seraient découragés dès le quatrième palier, s'ils s'intéressaient à lui. Moi, ça allait à peu près, je faisais encore un peu de sport.

Y avait du monde chez Antoine, normal, et je connaissais certaines têtes, j'ai fait la bise à la Biche. On s'est tapé dans les mains pour les autres. Ceux qui m'étaient étrangers se présentèrent. J'ai dit enchanté et j'ai tout de suite oublié leurs patronymes. Antoine m'a proposé une bière et j'ai hésité, puis j'ai décidé que non, à cause de Poupoune.

Les mecs dans le salon jouaient à C.O.D. en ligne sur une 360.

J'ai dit à Antoine que j'allais dans la cuisine. Il m'a dit ok et m'y a retrouvé une fois que la Biche se fût fait descendre. J'ai entendu des « Oooh !!! ».

« T'as entendu pour Lucie ?

• Entendu quoi ? (je demande, désintéressé, regardant ses voisins de part la lucarne de la pièce)

• Elle a largué son mec au Molodoï. (il plisse les yeux pour vérifier qu'il y a bien les dix grammes de shit que je lui ai payé sur sa balance)

• Son mec ?

• Joe.

• Joe était son mec ?

• Bah ouais, carrément Chaton !

Je prends quelques seconde pour y penser tandis qu'Antoine emballe mon Carembar dans du film célo.

• Et ça faisait longtemps qu'ils étaient ensemble ?

• Six, sept mois peut-être.

• Ah ouais. (le ton neutre)

Je me suis souvenu avoir couché avec elle il y a peut-être cinq mois, pas qu'elle ait mentionné avoir un mec. Je croyais qu'elle préférais les filles.

Mon portable a vibré. « je comence a mennuyé » de Raspoutine. J'ai pris mon bout de shit, je l'ai rangé dans la poche de mon sweat, et je me suis engagé dans le couloir. Antoine m'a à nouveau proposé une bière, j'ai à nouveau dit non, on s'est fait la bise en se disant fait gaffe à tes fesses et à bientôt.

Il a claqué la porte derrière moi.

A suivre...