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ANTIBIOTOC
20 juin 2012

87. Pas mort pas encore.

Faut imaginer un vingt Juin parisien. Un parapluie. Du crachin qui tombe, sur la toile noire tendue, du parapluie. Il faut juste ce qu'il faut et rantamplan on dépasse des lampadaires. Jaunes pour les véhicules et blancs pour les passants. Blanc. Blanc. Blanc  jaune  Blanc. Trop blanc. Essayer un sourire mais nan. Il n'y a rien à faire. C'est nan. Ca sent le départ, le drame et des pleurs... c'est pas gaie sur Paris quand il pleut.... c'est pas gris... C'est empoignant... ça déchire d'être.

Sur le quai de Loire les immeuble n'arrachent plus d'orange au soleil. Il n'est plus là.... Il est parti.... voir ailleurs. Maintenant ils sont sous les voiles les immeubles, ils prennent le larges, ils sont déjà loin, partis ! Pfiou ! Disparus. Seule la rue nous accompagne, avec ses réverbères, et son crachin. Nickita marche à côté, sans me prendre le bras, elle fume, je crois. Je vois encore des plans du film et le goudron juste devant mes baskets. Un mec vient, un clochard, la trentaine, maigre, pas net, il s'embrouille, il veut des thunes que je n'ai pas et je sens Nickita qu'aime pas la situation. Je reste calme. J'ai pas la tête à ça. Finalement il comprend, le mendiant... il fait un geste obscène que je ne relève pas. Nous tournons dans une rue afin d'éviter celle du vent.

On marche plus vite. On se rapproche. On se distancie... cause d'un poteau. Mais on s'en sort, bout d'un moment, l'avenue s'ammène. Avec toutes ses couleurs, toutes ses lumières ! de rares voitures glissent sur l'avenue et dans mon oreille ça tinte comme un verre de cristal. On craint l'accident en reniflant devant les grecs encore ouverts, la viande grillée, le pain chaud, le tintouin d'une télévision. C'est pas facile de vivre en terre promise. Il a fallu beaucoup de sacrifices, de foi et de cécité... pour qu'on en arrive là. Il faudrait la tenir par la taille pour vivre mieux. Il faudrait regarder ses yeux pour se rappeler la glaise et la poussière... l'importance de rester... un petit peu. Jusqu'à demain... vingt-et-un Juin. Vingt sirènes de policiers zèbrent l'air, ça fait des éclairs rouges et bleus, un tintamare étourdissant, des javelots chamarrés plantés sur la nappe d'asphalte. Les grandes tours d'habitation de l'avenue de Flandres gonflent d'ombres, tirées par les pointes se redressent jusqu'au très bas, avalant les étoiles, les constellations vibres de supplices de Tantale muets. Un garçon de café cadennasse des paquets de chaises entassées. Il se dépèche dans le noirs, dans la célérité d'un néon publicitaire. Il tombe plus fort des gouttes d'éther. Je me réjouis d'être sous un parapluie. Demain n'est peut-être pas tout à fait présent.

La pluie tombait et s'écrasait sur les carreaux sous le vacarme de l'orage et dessus celui du marteau-piqueur. L'appart' tremble. J'ai même pas la gueule de bois, mais ça me tamponne toute la tête, de partout. Le tonnerre gronde, en colère il se répend en éclairs, mais pas chez nous, Dieu nous garde  ça fait un bail qu'on lui parle ; sourtout moi. J'ai essayé de comprendre, me flanquant la tête sous les couettes et fermant les yeux vers les décors de mes rêves, pas beaucoup plus joyeux, mais d'une telle mise en scène ! En total accord avec les tons cenrés de la pièce. Parfois des contours blondissent et brillent plus fort et brulent les yeux comme un trésor exposé au soleil... Les draps sont emmellés. Ils collent à ma peau, humide, celle qui a transpiré. Et, tout près, juste là, sur un flanc, elle dort. Des traits recouverts d'or. Le silence du marteau-piqueur. L'éveil, les rêves... et un bisou.

Il faut partir. Se lever tôt. Café serré, les nerfs de même. Se dire au revoir. Prendre un métro. En prendre un autre. L'attendre dix minutes. S'impatienter. Attendre encore. Prendre un Lysanxia. Entrer – sans pouvoir s'assoir. Regarder l'heure. Penser avoir une chance. Quand le métro s'arrête. Il ne bouge plus. La lumière change, les néons clignotent, les gens baissent la tête. Je check encore une fois l'heure, trois arrêts avant Bastille, et je me dis, je le sais, je l'aurais pas – mon train.

Je cours pour avoir bonne conscience, mais les chiffres sont là, et mon train n'est plus affiché. Et je dois discuter longtemps, avec beaucoup de monde, avant d'avoir un nouveau billet. Il ne me couta que la main.

Retour dans le métro. Tout se passe bien. Tout file, circule, ondule, se ploit et se détend... quelques dizaines de mètres sous terre – mais à présent nous volons. J'ai le coeur le plus lourd et je ne pèse pas bien gros : je rentre. Il y a des visages tout partout et parfois même des noms, de toutes les langues. Un feat formidable. Puis le jeune accordéoniste entre dans le wagon, il joue, fort, ça ne m'arrange pas, je ne peux écouter Cliff Martinez dans ses conditions. J'ôtes mes écouteurs. Je regarde encore mes baskets. Je les trouve sales – elles le sont sûrement. Je fais celui qui ne le vois pas quand il vient faire la quête, de toute manière j'ai pas un rond sur moi, ni ailleurs.

Dehors mon sac pèse plus lourd, l'air aussi, les nuages plafonnent, il fait lourd, j'ai du plomb dans les poches et la gorge. Mais j'avance. Tranversant le passage protégé je cherche un soleil malin, manquant de courtoisise et de fantasie. Il rayonnait, sûr, mais invisible. Ca ne m'a pas fait sourire. J'ai rejoint le terre-plein. Téléphoner sans qu'on vous réponde. Entrer en même temps que quelqu'un dans la cour de l'immeuble, et la retrouver là, transis, tremblante, si fragile au bas des escaliers... j'ai plus pensé au pognon que j'avais perdu aujourd'hui, j'ai filé la prendre dans mes bras, elle sanglotait, je ne savais pas pourquoi.

C'est l'été et j'aimerais qu'on me le prouve.

Je la rassure. Car tout va bien. Je suis là. Elle a du mal à le concevoir, ça se comprend, du moins, je la comprends, je lui dis de pleurer, que c'est pas grave, qu'il faut que ça sorte, ça coûte rien, j'suis pas en sucre... Au contraire j'avais chaud, mes méninges tournaient à blinde, je calculais fort pour l'aider. Je me battais pour pas tomber dans le fatalisme ! C'était moi auprès elle, et puis c'est tout ; bordel !

Elle a suivi mes instructions, elle dort, je suis à la fenêtre, je fume... je pense pas beaucoup, j'ai droit à une chaude carresse du malin. Etrangement ronronnent en moi les subresauts des roues du wagon. Le siffement des branches. Le chant des paysages d'un instant. Qui le comprendra ?




 



 

Pensée : "Dieu n'est pas celui qui « atteint », il est celui qui « voyage », celui en qui tout se trouve et « celui qui demeure » - une chenille, mille cheveux de Dieu. Donc, sachez toujours que c'est seulement Vous, Dieu, vide et éveillé et éternellement libre comme les innombrables atomes du vide qui est partout." J.Kerouac - Le vagabond solitaire 

 

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Commentaires
A
Bonjour,<br /> <br /> C'est pas trop dans mes habitudes de me relire sur le blog, c'est plus de "l'écriture spontanée" si l'on veut - même si j'avoue que ça ferait pas de mal à la langue française. Quand aux négations, non, je n'y toucherai pas. C'est un rythme. C'est comme ça que j'écris. J'aime pas le négation à outrance, académique. Je la préfère choisie.<br /> <br /> <br /> <br /> En espérant que vous suivrez encore le blog.<br /> <br /> <br /> <br /> Antibiotoc
M
Je suis venue ici par le forum-vitrine de blog en site. Je voudrais vous faire un commentaire : relisez-vous, corrigez votre orthographe, vos oublis de lettre à la saisie, vos négations incomplètes... Dommage, dommage...
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