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6 mars 2012

80. Tournout [Ep. 04]

Turnout


Je n'avais plus aucune idée de ce que je leur avais dit – quand je suis sorti du building – ça me foutais un peu les jetons, c'est ce que je me disais dans le métro – à nouveau, j'étais en train de passer au travers du fait que le quotidien ressemblerait à ce que je faisais : rouler sous terre dans des boîtes d'alu. Pas mécontent de me diriger vers Gare de l'Est. Même si j'arrivai trop en avance sur mon train. J'avais un excellent livre dans mon sac à dos donc ça irait.

Ces types que j'avais rencontrés durant mon entretien, dont une femme, m'ont laissé une impression étrange, presque facile. Presque comme un goût de victoire. J'avais encore chaud dans la nuque et je me suis cramponné à la barre verticale du métro, à cette anodine pensée. Ils ne m'avaient pas jugé, ils m'avaient admis, d'office – c'est ce que je me disais. Celui avec un nom de Polak m'avait même avouer avoir acheter trois de mes toiles, il avait adoré le bouquin, et face aux questions de la brune il lui proposa de lui donner mes coordonnées, dont l'adresse de mon blog où l'on peut regarder des photos de certains de mes spécimens – j'avais rien dis. J'osais pas partager mon ressenti – trop peur d'influencer le destin – donc j'ai pas rappeler mon agent. Faut montrer ce que l'on a et cacher ce que l'on est, ici-bas – étant vainqueur, je ne dirais rien.

J'avait ce genre de pensées profondes, un peu comme chercher un rayon de soleil dans un tunnel. Mais je me sentais bien. Underground, loin de Lucie, enfui sous des mètres de bitume, à l'aise, j'avais les doigts libres et la tête dans une spirale d'observation. Beaucoup de gens. Dans le métro. S'approchant de la gare. Je rentrais chez moi, à l'autre bout du monde, à cinq cents trente kilomètres et quelques de là, le berceau et la tombe. On disait que les grands se devaient de passer par Paris, j'en grinçai des dents. Le son crissant d'un avion s'écrasant au sol me fit vibrer les tympans. C'était, certains le disent, le début pour moi d'une sale histoire.

Euphoria, de Calvin Klein. À Château-Landon, une jeune demoiselle, en sarouelle, descendit en me souriant. Je ne pus la quitter des yeux, ni la suivre, s'effaçant tandis que nous repartions, biiiiiiiiiiiiip électronique des portes et un frisson. Puis des graffitis, en cascade, suivant les zones vives des néons.


*

 * * 


Gare de l'Est, vingt et une heure et en activité. Un pigeon vient juste de chier sur le livre que je tenais, ouvert sur mes genoux, qui m'absorbait dans un puits sans fond de plaisir. Explosion visqueuse d'excréments dans le champ euphorique des mes illusions. J'ai maudit la vie en m'allumant une Lucky.


FIN
(De la saison 1) 

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Sinon, pour ceux qui savent pas, je participe à un concours de blog, ici, et je serai super fier que vous votiez pour moi :) 

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