Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ANTIBIOTOC
16 février 2012

77. Tournout [Ep. 01]

Turnout


J'étais pas beau à voir quand le réveil a sonné. Manchester United avait gagné la veille au soir, les copains avaient été super-contents et ils avaient géré le stock de canettes. J'ai pas fait gaffe qu'il était MÊME pas huit heures et je suis allé buter contre la porte de ma chambre que j'ai oubliée d'ouvrir.

La journée a bien commencé.

Soleil bleu, le ciel toujours là et les petits oiseaux qui s'en donnaient à cœur joie. Youpi c'est le matin, une jolie chouette journée et ce genre de conneries. Je savais pas trop ce qu'on attendait de moi mais je me suis pas laissé abattre. J'ai préféré beuguer devant la machine à café – je me demandais si oui ou non j'allais me faire une tartine et je jaugeais les chances de la rendre aux toilettes. J'ai à nouveau regardé l'heure et j'ai commencé à m'activer. Je sais pas pourquoi mais je savais que le train m'attendrait pas. Je me suis rasé en me rinçant les dents avec mon expresso – paraît qu'ils aiment ça les PDG, qu'on soit rasé. Mais ça allait, je suis un vernis, j'ai pas trouvé ça fatiguant. J'avais pas pris le train depuis des lustres, j'étais content. J'ai ramassé mes affaires, j'ai sans doute oublié un truc et je suis sorti.

C'était la folie dehors, très très dangereux, et malgré tous mes efforts pour rester désinformé, je me suis retrouvé avec un journal dans les pattes. On avait tellement rien à dire que c'était gratuit. Très très mauvaise l'actualité. Je m'en suis pas étonné, c'était bien fait pour nos gueules. Et puis j'avais trop la gueule de bois pour m'indigner ou me révolter, je gardais mes forces pour plus tard et ma batterie affichait dans le rouge.

Les gens étaient tous barrés et cavalaient dans tous les sens. Sur le quai. Même pas à Paris qu'ils tiraient une gueule de chien. Battus d'avance. Ils arrêtaient pas de râler et ils faisaient ça très bien. Je commençais à prendre le coup de main en m'excitant sur ma clope qui voulait pas se rouler – j'étais un peu à court de thunes ces derniers temps. Les wagons se sont pointés en même temps qu'un envie d'escalope sauce raifort. J'ai pas pu rêver très longtemps. Y a ce mec qui s'est pointé, le type que tu reconnais même si tu veux pas – en rose et bleu –, le mec qui vient avec le sourire te mettre une main sur l'épaule et qui te secoue jusqu'à ce que tu quittes ton rêve tout douillet, le con, et bienvenue dans la réalité ! Youhou. Mais il a pas eu besoin de faire tout ça, les autres aboyaient à qui mieux mieux, même en me concentrant fort, je pouvais pas m'échapper bien longtemps. J'ai de la chance, je suis jeune, j'ai vingt-deux ans, paraît que je devrais pas tarder à m'en faire une raison. Puis j'entendis que c'était une catastrophe, qu'ils s'étaient plantés dans la numérotation des wagons, et donc, forcément, mamie était dans tout ses états.

Allez mémé... on se détend, c'est pas grave, le bonhomme rose va t'aider, tu vas voir, ça va filer comme sur des roulettes, t'as juste à fermer ton dentier, à écouter l'autre, ça va aller... relax, j'ai pas envie de m'énerver, j'ai pas envie de tuer, je suis trop jeune, et commencer la journée par une tournée de torgnoles, j'aimerais mieux éviter.

Mais j'ai rien dit.

J'ai rien fait.


À suivre...


Photo : Vice (Désolé les mecs, mais j'ai pas retrouvé le nom du photographe... si vous savez qui c'est, je serais ravis que vous m'en informiez, que je puisse le prévenir que je lui ai piquer son travail.)

Publicité
Publicité
Commentaires
ANTIBIOTOC
Publicité
ANTIBIOTOC
Publicité